Toquée des étiquettes
- Ludivine
- Toquée des étiquettes
Les étiquettes sont partout... En triple à la couture d'un vêtement ou dépassant de l'encolure... Adhésives laissant une trace de colle qui s'avère difficile à nettoyer... Sous la semelle des chaussures qu'un oubli devient fixation au regard... Ou collées en plein milieu, là où il ne faut pas, au mauvais endroit...
Elles sont là pour donner des informations: prix, lavage, composition, références... pourtant si banales, elles sont extrêmement précieuses pour retracer l'origine d'un objet du passé...
Régulièrement, je ne choisis pas les objets que je sélectionne pour vous. En fait, il y'a quelque chose de l'ordre de l'inconscient, de primaire qui me pousse à posséder cet objet. Outre sa beauté, ses formes et ses matériaux, c'est son histoire qui me fascine...
Cette terre cuite date probablement des années 1920-30, elle est signée de Bruno TORNATI Italy (signature gravée au dos de cette sculpture). Il est l'éminent élève de Guido Cacciapuoti à Naples au début du XXe siècle.
Chinée près de Bordeaux lors d'un séjour familial, je n'avais pas encore fait le tour de ce modelage, cette femme assise aux allures sensuelles.
Ce sujet est cher à l'artiste, la femme habillée d'une robe extravagante, assise sur un tabouret où il appose sa signature. Le plus souvent sages ou accompagnées d'un enfant, ces femmes sont extrêmement à la mode si on en croit également les créations de son maître Guido Cacciapuoti.
Celle-ci est pourtant différente, sa pose est lascive, sensuelle. Sa manière de se tenir ne laisse aucune place au doute... D'une grande simplicité, il n'y a pas de décor, d'ornement ou autre sujet qui viendraient détourner notre regard de cette femme. Je pense que l'artiste s'est égaré, qu'il s'agit d'un modèle connu par lui, d'une création très personnelle...
En essayant de nettoyer cette terre cuite, j'ai découvert apposé au dos du socle, une étiquette...
MESNARD - Intendance - Bordeaux
Il a été difficile de trouver des renseignements, malgré l'importance de ce magasin à cette époque.
Situé sur Bordeaux, il occupait tout l'angle d'un bâtiment donnant sur la place Gambetta et la rue Porte Dijeaux.
Notre sculpture n'a donc pas beaucoup voyagé.....
Au XVIIIème siècle, la place était nommée « Place de l’Intendance » en l’honneur de l’intendant de Guyenne, Michel-Ange de La Roque. A la révolution, elle sera appelée place de la révolution, puis prendra le nom de Gambetta au XIXème. Elle se situe à proximité du cours de l'intendance.
La Maison Mesnard proposait tout un éventail de produits à la vente. Bijoutier, orfèvre et joaillier, on pouvait également y trouver des garnitures de cheminée, des objets d'art, des terres cuites, des marbres, des couverts en argent et des cristaux signés Gallé ou Daum. Comme en témoigne ce carton, il devait s'agir d'un magasin de luxe important à cette époque.
Malgré mes recherches, je n'ai pas pu avancer plus sur l'histoire de cette Maison, mais il est clair que cette oeuvre provient de ce magasin.
Lorsque la signature d'un objet n'est pas évidente, il est toujours réconfortant d'y trouver une étiquette.
Pour tous vos objets chinés, la conservation des étiquettes permet de retracer une histoire, une origine et donne une valeur supplémentaire à votre acquisition.
Aujourd'hui, elles sont les historiens d'un artiste, d'un style ou d'un fabricant.